# 3 – Bordeaux le Médoc – Été 2016

Mes cahiers de vacance consistent le plus souvent à rendre visite à des domaines déjà présents à la cave et à essayer de dénicher des pépites en comptant : sur mes hôtes, sur les collègues cavistes de la région ou tout simplement sur la hasard …

– JOUR 1 – LES VIGNERONS

Ma première visite fût pour Patrick GRISARD du Château CORNELIE à CISSAC en appellation HAUT-MEDOC.Le bonhomme (just married) une force de la nature avec un enthousiasme et un courage qui forcent le respect. Après avoir été directeur chez YQUEM et SENEJAC, Patrick se lance en 2004 avec 3 Ha de vignes d’un seul tenant et un bout de forêt qui lui permet de cueillir des champignons mais surtout de créer une biodiversité allant dans le sens de son projet.Il prend aussi 2 Ha

CORNELIE

CORNELIE

Le projet, c’est de faire à Bordeaux des vins pour les amateurs qui désertent peu à peu les rives de la Gironde lassés par des vins souvent stéréotypés, dopés à la chimie et vendus en grande surface…

2016, c’est l’année du changement. Après 10 ans passés entre MOULIS où se situe le Chai, et CISSAC, à affronter la jalousie (les vignes du fermage saccagées) ou les aléas climatiques (pas de millésime 2013 jugé indigne), Patrick désormais épaulé de Corinne – pour le meilleur et pour le pire – se lance un nouveau défi.

2016 c’est un agrément bio confirmé en mai, un chai construit de ses mains ( cet homme est dingue … ), l’achat de cuves bois STOCKINGER – la tonnellerie autrichienne haute couture qui équipe les GAUBY, CHAVE, JAMET et autres ROULOT – et la plantation de cépages blancs : Sauvignon, Sémillon jusque là Ok, mais aussi Chenin, muscadelle et Petit Manseng !

L’ami Patrick, l’homme qui croyait en ses rêves, s’est donné les moyens de rêver en grand. Les prochains millésimes seront certainement encore techniquement plus aboutis en attendant profitons des millésimes encore disponibles :

[ DÉGUSTATION ]

  • 2012 : Le ligérien de la bande. Vin sans soufre ajouté. Léger volatile, une fois aéré, le vin se montre fruité sur le cassis et la myrtille, et d’une belle maturité. Tannins fondus. Un vin de Glou-Glou, un vin de copains.
  • 2011 : Le rhodanien. Plus de volume en bouche, bel équilibre. Finale sur la réglisse, suave. Le vin de barbecue.
  • 2006 : Le médocain. L’assemblage s’équilibre entre le Merlot et le Cab. Sauvignon lui conférant un profil plus “classique” avec des notes d’épices et des tannins un peu serrés. Çà reste juteux et de très bon niveau.

Passage par LISTRAC au Château REVERDI où je vais pousser la porte sans avoir été annoncé. La faute à une jolie bouteille de 2011 achetée chez le caviste de proximité et qui m’avait bien plu.

Je suis reçu par Audrey THOMAS qui veille avec son frère Mathieu sur les 32 Ha du domaine familial. La particularité du Château REVERDI, c’est la forte proportion de Petit Verdot dans l’assemblage (Merlot 35%, Cab. Sauvignon 35% et 30% Petit Verdot) et un élevage spécifique de chacun des cépages avant assemblage.

Particulièrement bien adapté aux sols argilo-calcaires bien ventilés, le Petit Verdot est un cépage exigeant et donne aux vins une structure tannique ainsi que des arômes de cacao et d’épices lui permettant de s’intégrer entre le fruité du merlot et la puissance du Cab. Sauvignon. Légèrement plus précoce que le Cab. Sauvignon, il peut en sous-maturité, donner des arômes mentholés qui apporteront de la fraicheur à ces vins du médoc. Souvent présent dans des proportions réduites (5%) des assemblages, le Petit Verdot qui est “le” cépage signature du médoc est une belle réussite du Château REVERDI .

[ A suivre ]

– JOUR 2 – LES CRUS CLASSES

Après les domaines de vignerons et les domaines familiaux, c’est au tour des grands châteaux du Médoc que nous nous attaquons. Je dis nous car Jean-Charles le “local” de l’étape, se joint à moi pour une visite qui nous conduit pour commencer au Château GRAND PUY-LACOSTE 5ème Cru Classé 1855 en appellation PAUILLAC où nous sommes reçus par E. BORIE, la fille de F-X BORIE.

Famille originaire de Corrèze, les BORIE crée une société de négoce et installent leur chai à PAUILLAC. Ils acquièrent ensuite CARONNE St GEMME (MEDOC)  puis HAUT-BATAILLEY (PAUILLAC). En 1978 c’est le Château GRAND PUY-LACOSTE  (GPL), contraction de GRAND-PUY le lieu et LACOSTE du nom d’un des anciens propriétaires, qui est racheté – selon un accord original avec l’ancien propriétaire lui permettant de se servir quelques temps dans la cave de GLP. En 1992 F-X BORIE est PDG de GPL, H-B et DUCRU-BEAUCAILLOU à SAINT-JULIEN. Depuis 2003 GPL est propriété de F-X BORIE, H-B est en fermage et D-B appartient à son frère Bruno-Eugène.

A la différence d’autres propriétés comme MOUTON ROTHSCHILD où les équipes sont salariées, chez GPL (comme chez H-B puisqu’elles sont mutualisées), les équipes sont des familles de vignerons intervenant selon le principe du “Prix Fait” .

GPL c’est 90 Ha dont 58 Ha en vignes d’un seul tenant avec des voisins tels que LYNCH-BAGES vers la Gironde et PONTET-CANET vers le nord de PAUILLAC. Depuis 2012 Christelle SPINER (de l’écurie E. BOISSENOT qui reste l’œnologue conseil du domaine) officie comme Directeur Technique et met l’accent sur la précision avec la mise en place de cuves plus nombreuses mais plus petites (70 Hl et en inox thermorégulées) et la mise en valeur du Cab. Franc dans l’assemblage. Les vendanges sont manuelles, le tri des baies sur tables vibrantes manuel, GPL n’est pas convaincu pour le moment car le jet d’air qui pousse le grain en réception entraine son éclatement. Ici pas de dogme, on fait pour la qualité.

Pour LACOSTE-BORIE 2015 qui dort dans les chais, c’est 50% barriques neuves (goutte) et 50% barriques de un vin (presse). Les deux fermentations se font en cuve pendant 3 semaines. Élevage cépage par cépage jusqu’en janvier où après une sélection des fûts les vins sont remontés en cuve, assemblés et remis encore 10 à 12 mois en fût (tonneliers NADALIE, TARANSAUD, SEGUIN-MOREAU parmi les principaux). A noter la présence de bondes en verre, cadeau d’un tonnelier ayant fournit des barriques défectueuses.

Pour GPL, c’est 75% de barriques neuves, soutirage tous les 3 mois avec ouillage.

[ DÉGUSTATION ]

  • LACOSTE-BORIE 2012 : Nez de fraise écrasée, végétal. En bouche c’est très classique. Fait le job.
  • H-B 2012 : On monte en gamme avec un vin plus soyeux, plus dense, plus mûr. Cela est lié à la plus grande présence d’argilo-calcaires que de Graves sur BATAILLEY. Un style SAINT-JULIEN. Bien
  • GPL 2012 : Là on est à PAUILLAC avec un vin plus massif mais qui reste équilibré. Bien à attendre 5-6 ans.

Après une pause déjeuner, nous filons direction SAINT-JULIEN  pour rencontrer Alexandra NEBOLSINE, en charge des visites au Château LEOVILLE BARTON.

LEOVILLE BARTON est un 2ème Grand Cru Classé du Médoc en 1855. Situé au nord de l’appellation (vers PAUILLAC) , il est né du démembrement du domaine LEOVILLE LAS CASES.

Le domaine est toujours géré par la famille BARTON (x génération) d’origine irlandaise. LEOVILLE BARTON est géré tout comme LANGOA BARTON qui est généralement un vin plus rapidement accessible.

Chose curieuse, le domaine LEOVILLE BARTON est traversé par la D2, aussi, il vaut mieux être prudent pour aller visiter les installations techniques et les chais même si Alexandra n’a jamais perdu aucun visiteur par accident 😉

LEOVILLE BARTON a établi un partenariat avec la distillerie irlandaise The Midleton Whiskey Distillery Co fabricant le whisky GREENSPOT (élu meilleur whisky irlandais cette année).

Avant de rejoindre le château BRANAIRE-DUCRU, nous faisons une courte étape confrère, VIA VINUM à SAINT-JULIEN pour déguster :

Au final je repas avec un PETIT LION DE LEOVILLE LAS CASES en 2012 (majorité merlot) qui sera descendu avec une facilité déconcertante quelques jours plus tard pour mon anniversaire (lion).

 

– JOUR 3 – LES CRUS CLASSES

La journée commence au CLOS MANOU