Big In Japan

Le Saké

Boisson traditionnelle au Japon et dans certains pays proches, le saké fait depuis quelques années, une percée auprès des sommeliers français et des amateurs curieux par sa qualité, sa diversité et par l’attrait du Japon et de sa culture.

Des concours – notamment de Kura Master (maître brasseur) sont organisés et des sakés 100% made in France arrivent sur le marché ! Il était donc inévitable que je creuse la question 😉

Le village de Saijo, dans la banlieue Est d’Hiroshima accueille plusieurs brasseries dont certaines sont centenaires. Les Sakés d’Hiroshima sont renommés au Japon et à travers le monde (comme ceux de Kobé et Kyoto) pour leur pureté.

Tous les ans, une grande dégustation est organisée en Octobre. Y sont présentés les sakés de la région dans tout type de catégorie.

Comme pour le whisky, l’eau est prépondérante mais un autre ingrédient est essentiel … le riz

A la base du Saké ou plutôt du Nihonshu (car le mot saké désigne tous les alcools au Japon), il y a le riz, mais des variétés particulières …

Ce riz subit plusieurs traitement (polissage, trempage, cuisson etc.) avant d’être mis en bouteille. Il n’y a pas dans les catégories les plus nobles, d’eau de vie ajoutée donc il n’y a pas de distillation.

Les sakés sont donc divisés en 2 grandes catégories : les Junmai sans alcool ajouté et les Honjozo. On trouve également des sous-catégories : les non-réduits (Genshu) les non-filtrés (Nigori) ou non pasteurisés (Nama), les pétillants (Happoshu) qui sont souvent gazéifiés mais peuvent fermenter en bouteille. Une dernière catégorie est en train d’apparaître, plus légère en alcool pour le rendre plus “sexy” auprès des jeunes qui se détournent du saké au profit de “premix” aux goûts souvent hasardeux …

différents niveaux de polissage du riz. Débarrassé de son enveloppe, on cherche à ne garder que la partie la plus nacrée qui donnera la meilleure qualité.

Pour découvrir en détail, les grands principes de fabrication, la brasserie Kamotsuru (Kamo pour le lieu et Tsuru c’est un oiseau, la Grue) a réalisé un très bon reportage heureusement sous-titré.

A la place du Kura n°1 (brasserie) historique, Kamotsuru a installé un espace d’accueil où sont présentés les anciens outils utilisés par la brasserie.

Les petits fûts enveloppés de sacs utilisés dans le processus de fabrication sont personnalisés et représentent chaque brasserie : Ce sont des Kazaridaru.

Particulièrement décoratifs, les Kazaridaru sont couramment offerts à des temples comme ici celui dans le parc de Meiji-jingu.
La Brasserie Kamoizumi l’une des dernières nées à Saijo

Le Whisky

Depuis presque 100 ans – le groupe Suntory fêtera le centième anniversaire des distilleries Yamazaki et Hakushu en 2024 – le Japon est un producteur de whiskies réputé. Fondée en 1934 par Masetaka Taketsuru, Nikka voit le jour sur l’ile d’Hokkaido au nord sur un site réputé pour l’abondance et la qualité de ses eaux. Ayant participé au lancement de Suntory et collaboré avec des distilleries écossaises telles que Springbank, M. Taketsuru crée en 1934, la distillerie Yoichi dans l’intention d’y faire des whiskies à la mode traditionnelle écossaise.

Faisant partie du groupe Asahi, Nikka a les moyens de ses ambitions comme l’atteste le rachat le Ben Nevis en 1998

Fermées pour travaux, je n’ai pu visiter les sites de Suntory. Néanmoins, le site de la distillerie Miyagikyo dans la banlieue de Sendai au nord de Fukushima, valait à elle seule le détour. Créee en 1969, Miyagikyo produit 3 millions de litres de whiskies très majoritairement non tourbés. Tradition japonaise, les productions de malt des 2 distilleries sont régulièrement assemblées pour proposer des “recettes uniques”, ce sont des pure malt. Sur le site sont également présentes des colonnes Coffey pour produire en continu, les Coffey Grain et Coffey Malt de la gamme.

Sous ce toit pagode, les alambics Coffey installés en 1998, que nous n’avons malheureusement pas pu voir.

Parfaitement organisée, la visite s’effectue en petits groupes avec un guide japonais (des audio guides sont fournis).

On passe d’abord à la réception des céréales puis au brassage.
la fermentation s’effectue dans ces grandes cuves, 22 en tout, en acier inoxydables et contrôlés électroniquement.

Une fois fermentée, cette “bière” est envoyée dans le premier alambic, le Washback pour atteindre 25% d’alcool. Très haut, il signe des alcools élégants et plutôt fruités.

L’un des washback de Miyagikyo décoré à la mode traditionnelle.

Les jus sortent d’alambic à 65%, c’est le new make il est réduit à 63% pour être mis en fût dans les 16 entrepôts de vieillissements présents sur le site.

le site de Miyagikyo dans les montagnes est propice au vieillissement avec une part des anges de seulement 2% comme en Europe.

Une fois la visite des entrepôts effectuée, le passage à la dégustation est attendue avec délectation. 3 produits sont servis, un apple Brandy commercialisé depuis l’origine, un blend de qualité le Nikka Super puis le single malt éponyme qui clos la séance.

Ne reculant devant aucun sacrifice, je choisis de procéder à une dégustation – payante celle-là – de 3 singles malt de la distillerie qui ne sont pas distribués en France : Malty & Soft, Fruity & Rich et Sherry & sweet.

Le fruity & Rich fait preuve d’un bel équilibre malgré une puissance alcoolique certaine.
Passage par le shop de Miyagikyo pour y déguster des exclusivités et acheter quelques raretés …

L’accueil de Miyagikyo se fait dans un bâtiment où l’on peut regarder

la chauffe des fûts en haut une chauffe forte de type Alligator
l’intérieur d’un fût
et l’incidence du vieillissement sur la couleur du whisky
Dans un site magnifique, à 30 kms à l’Est de Sendai, dans les montagnes, avec 2 rivières pour fournir une source d’eau de qualité, la distillerie Miyagikyo produit des nectars que je vous proposerai bientôt en dégustation …