Loire C’est Loire – 160520

C’est au nouveau restaurant “Les Inséparables” que nous avons rendez-vous pour une descente de Loire qui nous emmènera en Anjou, en Touraine et dans le Centre. Le pays nantais n’est pas représenté – ce sera pour une autre fois – les Muscadets sont des vins intéressants à (re)découvrir …

La météo est bizarre ce vendredi avec de gros nuages mais une moiteur et une chaleur qui rend difficile le service du vin à une température idéale. On fera avec !

La Bulle qui fait arriver les retardataires est [ encore ] une originalité : Un Pet Nat (Pétillant Naturel) à base de Cabernet Franc (80%) et de Grolleau : Le Cosmobulle de Côme ISAMBERT.  D’une couleur rosée soutenue, ce rosé mi-macération / mi -saignée  réalisé en méthode traditionnelle et en bio joue la carte du rafraichissement de bon aloi. Visuellement un peu OVNI avec des lies visibles, la bulle est fine et persistante le fruit rouge est sec et assurément désaltérant. Félicitations à Côme dont la production en blanc, en rouge – il faut gouter son Cab + Grolleau  2014 – et donc en pétillant est décidément homogène à un beau niveau de qualité. BIEN 

La suite, c’est plus classique. Pour accompagner des verrines de petit pois en hors d’œuvre, j’ai intercalé un Sancerre Blanc 2014 les Chailloux de Claude RIFFAULT. La fraicheur du sauvignon se marie parfaitement avec le pois mais le vin est servi frais et sa jeunesse l’empêche d’exprimer pleinement sa palette aromatique.

En effet cette cuvée sur sols de silex, en se réchauffant dévoile sa nature de “pierre à fusil“. Ce marqueur habituel des sauvignon sur silex de la région centre (comme le “pipi de chat” pour les sauvignon en sous-maturité) apporte une complexité aromatique qui laisse entrevoir un potentiel magnifique d’ici quelques années.

Ça tombe bien car les 2015 goutés au salon des vins de Loire en février dernier m’étaient apparus plus “mous” et moins dans l’esprit que je recherche à Sancerre en blanc en tout cas. Dans l’immédiat on se laissera séduire par la cuvée les Boucauds 2014 (Argilo Calcaire) du même producteur plus accessible et plus floral. Si l’on aime les Sancerre plus solaires, on optera pour la cuvée les Chasseignes (sols de caillottes) avec ses arômes d’agrumes confits. BIEN +

Le 3ème vin arrive sur un Tartare aux deux Saumons sauce agrumes. Ouvert avant de passer à table, il peine à se mettre en place. Des notes de chou ou le serviette mouillée (le bouchon est même évoqué) sur le premier nez, quelques arômes amyliques (famille des arômes empyreumatique liés à la fermentation ou à l’élevage) bref rien de bien agréable. Nous le laissons s’ouvrir et se réchauffer en attendant qu’il se présente sous un meilleur visage.

En attendant, je sors la “bombe” de la soirée. Ouverte et carafée depuis 6 heures déjà, ce vin est une “bombe” aromatique d’une intensité rare. Ce jaune d’or, c’est presque un paysage que l’on découvre, celui de la Touraine avec des chenins si charmeurs qu’on ne sait jamais si on va être sec ou moelleux. Le nez est riche de fruits rôtis, gras et mielleux. La bouche est ample et se termine par une caresse et une furieuse envie d’y retourner. Trop tard, la carafe est presque vide d’autres y ont déjà succombé !

C’est la cuvée les Bournais 2009 de François CHIDAINE en Montlouis, un micro-vignoble qui fait des vins d’une grande classe qui sont absolument à découvrir. Celui qui aura les moyens et un peu de chance pourra déguster cette cuvée en version “Franc de Pied” c.a.d. sans le porte greffe américain. Il vivra une expérience alors inoubliable mais … patience. .. EXCELLENT

Nous “retournons” sur le vin précédent qui parle un peu plus et surtout un peu mieux. Le miel l’amande et la note minérale d’oxydation maitrisée (hydrocarbure) se révèle progressivement. La surprise est grande de découvrir l’étiquette car les amateurs de Romorantin (ceux de P. TESSIER en particulier dont je fais partie) sont plus habitués à des Cour-Cheverny plus marqués par l’acidité des agrumes (pamplemousses) qui en font un compagnon idéal pour les poissons grillés. Ici nous sommes chez P. LOQUINEAU au Domaine de la Plante d’Or avec sa cuvée “Salamandre” en 2011. Ce vin est original et peut surprendre, il a souffert d’être ouvert tardivement puis de l’ordre du service (difficile de passer après les Bournais). A REVOIR puis BIEN.

Décidément, rien ne sera épargné aux dégustateurs en matière d’OVNIS et d’originalité puisque le 1er rouge de la soirée se présente (presque) à l’aveugle : C’est sauvage au premier abord, le temps de retrouver ses esprits – le vin est noir, fruité et juteux, légèrement tannique et rustique, ça descend tout seul. C’est un vin de glou-glou typiquement ligérien : Un Grolleau 100% de Bruno ROCHARD le “Gué des Muriers” 2014. Bruno a repris le domaine de Mireabeau en 1998, un domaine familial voisin du domaine de Richard LEROY à Rablay sur Layon.   Bruno produit également un autre vin de glou-glou à base de Cabernet Franc : Le Petit Clou ainsi qu’un superbe Chenin sec qui vient d’être embouteillé : Moque Souris. BIEN

2ème rouge de la soirée et toujours un peu de réduction à l’ouverte ce qui fait sourire les dégustateurs moins habitués aux vins bio / biodynamiques . Bref, après 5 minutes une fois le vin aéré, on retrouve un vin juteux comme le précédent mais là plus de rusticité, c’est joli et gouleyant avant une belle structure malgré tout. Un joli vin pour accompagner la “Brochette de bœuf black angus snakée à la plancha et sa purée de pomme de terre douce”. C’est un Saumur Champigny de Antoine SANZAY cuvée domaine 2014. BIEN +

Le dernier rouge s’avance et avec lui la cavalerie qui annonce les grands rouges de Loire : Complexité, puissance, boisé, tannins tout y est mais le compte n’y est pas, en bouche ça cause pas, peut être est-ce dû à une température de service un peu fraiche ou d’une phase ingrate. Ce vin pourtant noté 91/100  n’est que l’ombre de lui même. C’est dommage qu’on ai pas eu le temps de le laisser s’installer dans le verre un peu plus longtemps. C’est un Chinon “La Croix Boissée” du Domaine BAUDRY en 2011. A REVOIR

On termine cette descente de la Loire par sa majesté Chenin dans son rôle de prédilection, celui d’un cépage pour le botrytis, avec un Coteaux du Layon Saint Lambert Harmonie des Bonnes Blanches du Domaine OGEREAU en 2014. Si les vins gagnent en complexité avec l’âge, c’est d’autant plus vrai pour les moelleux. Celui-ci se défend bien malgré tout face à la Tarte citron meringuée et son biscuit speculoos. Le nez part sur la Rhubarbe et rejoint l’agrume jouer à l’unisson la carte des saveurs dans la gamme sucré / acidulé. C’est d’une grande finesse et surtout la légèreté de la finale le classe dans la catégorie des grands liquoreux de Loire.  EXCELLENT

Les photos seront rajoutées à ce compte-rendu prochainement ( merci Christine )

 

Rendez-vous juste avant les vacances scolaires vendredi 8 juillet pour un thème et une destination originale : Les vins de pique-nique dans un cadre bucolique fort approprié, le jardin de Christine !

Retour en haut