Sur les chemins de Provence

A l’occasion d’un séjour estival à Forcalquier, je ne pouvais pas manquer de visiter les Distilleries et Domaines de Provence (DDP), vénérable institution crée en 1898.

Je suis reçu par Antoine ROBERT, responsable Export et fils du propriétaire de DDP que je remercie pour son accueil.

Antoine ROBERT devant le laboratoire de DDP qui analyse la qualité de la production et propose de nouveaux produits

Au départ, l’implantation de la distillerie alors Distillerie de Lure, est liée à ce magnifique écrin qu’est Forcalquier pour les saveurs provençales – à tel point qu’y est établie l’Université Européenne des Saveurs et des Senteurs UESS. Il est établi que le climat de la région : nuits fraiches et journées chaudes et ensoleillées était particulièrement propices aux plantes et à la production des huiles essentielles.

La distillerie est basée là ou aujourd’hui est situé le magasin de DDP dans le centre ville de Forcalquier.

La fabrication des élixirs à partir des plantes locales favorise l’élaboration de l’Absinthe originaire du Jura (suisse et français).

Pour le marché japonnais, une liqueur d’absinthe à 26° et fluo 😉

En 1915, sous la pression des autorités sanitaires (la consommation de l’Absinthe entrainant de nombreux cas d’alcoolisme voire de folie artistique ou non) et du lobby viticole confronté aux effets dévastateurs du phylloxera, l’Absinthe est interdite. La guerre survient et les distilleries vivent des temps difficiles…

En 1924, Paul Ferréoux lance le Pastis Paulanis (ancêtre du Pastis Henri Bardouin et lancé avant le Ricard).

En 1939, Jean Nalin et Marcel Pascal rachètent la distillerie. Résistants, ils sont fusillés par les allemands. A la sortie de la guerre, les veuves des propriétaires revendent DDP à l’ancien le livreur de la distillerie : Un certain Henri Bardouin !

Le fameux Henri Bardouin

Un temps propriété de Pernod Ricard séduit par l’alcool de Pêche ancêtre du Rinquinquin (fruits et feuilles de pêches macérés dans du vin blanc à base de viognier) , la Distillerie de Lure devenue Distillerie de Haute Provence est reprise par M. Alain ROBERT en 1990 qui lance un pastis Henri Bardouin qui devient vite le produit phare de DDP.

Depuis 2017, un nouvel alambic conçu spécialement pour DDP à vapeur indirecte (2 enveloppes) est utilisé pour la production.

Un alambic à colonne est également utilisé.

Celle-ci est organisée suivant les saisons de collecte. Pour la “Noix de la Saint-Jean” fin juin quand les noix sont livrées, même chose pour le Rinquinquin. Pour les herbes aromatiques, le séchage ne semble pas faire perdre de qualité aromatique. A noter que l’eau utilisée pour la distillation est l’eau de ville et que les restrictions liées à la canicule font peser un risque sur l’activité de DDP en cette fin d’été …

A chaque macérat sa cuve. Et les anisés ne partagent pas !

L’entreprise pèse aujourd’hui près de 10 m de CA opère dans 80 pays et exporte 50% de sa production. Les anisés principalement pour les francophones les absinthes partout dans le monde et notamment aux USA.

Parmi les produits dégustés :

La nouveauté Pastis Henri Bardouin version Prestige avec 4 ingrédients en plus dont le safran, le vetiver, le poivre de Sichuan et la rose centifolia pour toujours plus d’intensité et de complexité aromatique.

Le Gin XII pour les 12 ingrédients qui le composent la quasi totalité sont locaux : Genièvre – Coriandre – Amande douce – Thym – Angélique – Iris – Cardamome – Basilic – Romarin – Eucalyptus – Menthe . La Maniguette vient d’Afrique. C’est un Gin frais, sur des saveurs provençales anisées proposant un beau gras en bouche et d’une bonne longueur. Il sera bon seul ou en cocktail (Le Pink Lady avec grenadine et Tonic).

La Douce, liqueur de Poire Williams au Cognac pour les gourmands.

Marc de Provence Cordelier : Joli digestif fin et élégant sur la coque de fruits à noyaux.